jeudi 28 juillet 2016

Independance Day Resurgence

Il y a 20 ans, avec Independance Day (ID4, pour les intimes), Roland Emmerich avait réalisé un blockbuster hallucinant, incroyablement impressionnant et spectaculaire grâce au meilleur des effets spéciaux, digitaux et physiques, du moment.
On avait encore jamais assisté sur un grand écran à de pareilles scènes de destruction massive. Des vaisseaux spatiaux gigantesques déclenchaient des explosions monumentales, embrasant des quartiers entiers, faisant voler voitures et camions en tous sens et réduisant en miettes la Maison Blanche ! C'était il y a 20 ans, et, il faut bien le reconnaître, du strict point de vue technique, c'était quelque chose.




Du point de vue scénaristique, par contre... Incroyablement couillon, le film passait sont temps à glorifier et sur-glorifier la moindre parcelle du Rêve Américain, usant et abusant des pires clichés, n'hésitant pas un instant à faire du Président des Etats-Unis l'ultime héros de l'Humanité, prenant les commandes de son avion de chasse pour la bataille finale, après avoir prononcé le plus galvanisant et patriotique des discours.
Le tout était emballé comme un bon gros film pop-corn, plein de personnages très cools qui n'hésitaient pas à débiter des punchlines à l'avenant ("C'est ce que j'appelle une rencontre du troisième type !"), même quand le danger leur grillait méchamment les fesses, alors que la moitié de l'Humanité était décimée...
Le film fut un triomphe phénoménal, tant aux Etats-Unis que dans le reste du monde, où il fut tout de même beaucoup moins pris au sérieux.

Une image marquante de Independance Day : un vaisseau surgissant des nuages


Le gosse que j'étais alors avait évidemment adoré, et rêvait d'aller lui aussi botter du cul d'alien à coups de soucoupes volantes, alors que l'adulte que je suis devenu depuis (quoique...) apprécie toujours de se refaire, de temps à autres, cette petite madeleine de Proust, qui passe fort bien au 36ème degré.

En 20 ans, Roland Emmerich a lui aussi grandi (quoique...), et, s'il s'est toujours adonné au blockbuster jouissifo-débilo-destructif (l'inénarrablement débile 2012 ! ), il a su aussi, de temps à autres, injecter dans ses films un humour critique vis-à-vis de son pays d'adoption (il est d'origine allemande), pas toujours très subtil, mais faisant parfois mouche. On pense notamment à la conclusion de Le jour d'après (The day after tomorrow, 2004), qui voyait les américains migrer en masse... au Mexique !

Independance Day ayant été son premier gros succès, celui qui l'a intronisé comme Pape du blockbuster (avant que Michael Bay ne vienne lui voler le titre à coups de Armageddon et autres Transformers), il était logique que le bonhomme nous ponde une suite un de ces quatre matins. Ce qu'il cherchait à faire, avec un certain acharnement, depuis 2009.
C'est aujourd'hui chose faite, et Independance Day Resurgence vient bel et bien de se poser sur nos écrans ! Pour notre plus grand plaisir régressif ? Si seulement...




On pouvait peut-être attendre de cette séquelle pour le moins tardive, les mêmes "qualités" que son aîné. Des scènes ultra impressionnantes pleines de beaux effets spéciaux, un humour gentiment familial, et la dramaturgie mélodramatique typique du film-catastrophe.
Et globalement, il y a tout ça dans Resurgence, à ceci près que la mayonnaise ne prend pas. Jamais. A aucun moment !
A tous points de vue, Roland Emmerich et son équipe ratent le coche d'un film auquel ils ne semblent pas croire eux-mêmes.

Ainsi, bizarrement, alors qu'il s'agît là de sa marque de fabrique, Emmerich semble se moquer éperdument de ses scènes de destruction massive, peu nombreuses, et exécutées en quatrième vitesse.
Le gigantesque vaisseau qui se pose en couvrant une partie de notre planète, la destruction de Londres (en particulier, mais sans justification scénaristique précise) et de quelques autres villes (en Chine et aux Etats-Unis, soit les deux plus grosses cibles commerciales du film), sont expédiées en quelques plans, aux effets spéciaux certes réussis (heureusement !), mais hélas beaucoup trop brefs pour impressionner. Et ce malgré la chouette idée du vaisseau "générateur d'attraction", qui justifie pleinement que des immeubles chinois s'écroulent... en plein Londres !

Des tours chinoises qui tombent sur la capitale anglaise !

Un comble, puisque c'était quand même là le principal intérêt de son prédécesseur, qui se donnait au moins le mal de faire naître un petit suspens autour de l'imminence de telles scènes.
 Évidemment, après avoir signé des films-catastrophes de l'ampleur de Le jour d'après ou 2012, Emmerich s'est peut-être lassé de la création de telles images. D'autant que la concurrence est rude de nos jours, le moindre blockbuster de l'été ou film de super héros se devant d'avoir sa scène de bâtiments qui s'effondrent. Mais alors, pourquoi s'être lancé dans un tel projet ?!

Et on ne pourra hélas pas se rabattre sur le reste, car en fait, il ne reste presque rien...
Les dogfights (combats aériens) n'ont pas changer d'un iota depuis le premier film, et sont eux aussi très brefs, et le final à la Godzilla, idée sympathique au demeurant, s'effondre littéralement faute d'un décors propice à le mettre en valeur (la scène se déroule dans un désert désespérément plat).


Jeffe Goldblum et Bill Pullman reprennent leurs personnages, le scientifique David Levinson et le Président Whitmore











(ne me demandez pas pourquoi il y a cet énorme espace vide au-dessus, il n'apparaît pas sur le brouillon, et je n'arrive pas à le faire disparaître. Mille excuses...)

Et si ce n'était que ça. Mais, les personnages eux aussi étant d'une platitude consternante, impossible de s'attacher à l'un d'entre eux. A aucun moment, le réalisateur et ses scénaristes ne parviennent à leur donner la moindre épaisseur, ne créant entre eux que des liens artificiels qui ne convainquent jamais.
Pour un ex Président des Etats-Unis (Bill Pullman reprend laborieusement son rôle), et quelques militaires sérieux comme des papes, on a droit à une flopée de personnages tous plus irritants les uns que les autres, passant leur temps à faire les pires vannes, même dans les situations sensées être les plus dangereuses (voir ce pilote qui décide d'uriner sur un vaisseau, au nez et à la barbe d'un groupe d'aliens...).
Et on ne parle pas des nouveaux venus, entre un chef de guerre africain affreusement caricatural (il abat des aliens à la machette en hurlant, ou débite des pensées philosophiques hyper profondes, car il a la sagesse du guerrier), une paire de pilotes têtes à claques, et une scientifique française inutile (mais que diable Charlotte Gainsbourg est-elle allée faire dans cette galère ?).
Tout juste Brent Spiner (qui reprend aussi son rôle du professeur Okun) parvient-il à rendre son fantasque personnage sympathique, mais malgré tout agaçant. Surtout à l'occasion d'une réplique finale franchement lamentable.

Brent Spiner retrouve son personnage, l'allumé Professeur Okun


Même le peu d'émotions que tente de faire naître le film fait choux blanc, expédiant en deux plans larges la disparition d'un des personnages principaux du premier volet (mais qui pourrait encore fort bien revenir dans le troisième), et s'appesantissant plus que de raison sur la mort d'un autre, qui faisait surtout office de comique de service.

Avec tout ça, Emmerich essaye tout de même de raconter une histoire, manifestement désireux d'apporter un semblant de mythologie à ses belliqueux extra-terrestres. Hélas, trop tard, le mal est fait. L'indulgence dont le spectateur nostalgique du premier film pouvait se sentir capable en pénétrant dans la salle aura été purement et simplement balayée par tant d'indigence et de bêtise.

Les humains tentent de résister

Bref, la tambouille ne prend pas un instant dans ce film catastrophe hyper balourd, long, et finalement ennuyeux, n'assurant même pas le minimum syndical en matière de divertissement, et sombrant inexorablement dans la plus profonde bêtise.
"Comme il y a 20 ans ?", diront les mauvaises langue... Certes, mais si ce second opus avait été le premier, pas sûr que le gamin que j'étais à l'époque aurait autant pris son pied.

Jipi


Independance Day Resurgence, Etats-Unis, 2016
Réalisation : Roland Emmerich
Scénario : Nicolas Wright, James A. Woods, Dean Devlin, Roland Emmerich, James Vanderbilt (c'est qu'ils sont nombreux en plus...)
Interprétation : Jeff Goldblum, Bill Pullman, Liam Hemsworth, Brent Spiner, Maika Monroe... 




La bande annonce de Independance Day Resurgence 



Crédits photographiques : braindamaged.fr, iwatchstuff.com, kinephanos.ca, movienewsplus.com, newsrama.com, static.tvtropes.org, theguardian.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire