jeudi 13 octobre 2016

Première Nuit Nanarland, le compte-rendu tardif, mais épique !

En cette année 2016, voit le jour la douzième édition de la désormais fameuse Nuit Excentrique !
Ah bah non, en fait, c'est la première Nuit Nanarland me dit-on... Bon, c'est plus pareil alors... Ah bah si me dit-on, c'est exactement pareil !
C'est juste que pour d'obscures raisons juridiques, maintenant que l'évènement s'est déplacé au Grand Rex, après dix ans de fidélité à la Cinémathèque Française (oui Môssieur, on n'y projette pas que de l'art et essai poussiéreux, à la Cinémathèque Française, n'en déplaise...), et suite au retrait du partenariat de cette dernière institution, les organisateurs n'ont plus le droit d'utiliser le nom Nuit Excentrique.




 Qu'importe, la Nuit Excentrique a vécu, gloire à elle, et bienvenue à la Nuit Nanarland, première du nom, dont voici tout de suite le teaser, sur un excellent morceau d'électro de Double Dragon !




Hein, j'vous avais dit qu'c'était d'la bonne !
Pour le reste, on me certifie que c'est tout pareil, que les inconditionnels soient rassurés. Inconditionnels parmi lesquels votre serviteur ne compte pas, du reste, puisque pour moi, l'édition 2016 était une première.
Et oui, je connais et apprécie le site Nanarland, bien évidemment, et j'ai déjà vu une ou deux perles du genre, notamment l'incroyable Turkish Star Wars avec le génial Cüneyt Arkin, ou Dragon Ball Evolution, mais pour autant, je n'avais encore jamais sauté le pas d'une nuit entièrement consacrée à ce cinéma d'un autre type. Il était bien prévu que je fasse l'édition précédente, en 2015, mais j'ai du me désister suite à un vilain rhume dont vous vous fichez totalement, et à raison.

Bref, en cette moite soirée de septembre 2016, me voici donc sur les grands boulevards, devant cette salle prestigieuse (où j'ai déjà eu la chance d'assister à des évènements autour de Massacre à la tronçonneuse, Retour vers le futur, ou la saison 4 de la super série de Simon Astier, Hero Corp), mordant frénétiquement mon Big Mac, dans une file d'attente où stagnent déjà de nombreux nanardeux (les amateurs de nanars donc), dont beaucoup d'inconditionnels de l'évènement, semble-t-il...
A priori, l'affiche de la soirée est des plus prometteuses. Quatre long-métrages ! Rien que ça... Quatre nanars mirobolants, sélectionnés par les bons soins de l'équipe du célèbre site Nanarland.
Sont annoncés, avec tambours et trompettes :

- Karaté contre Mafia (quel titre !!!!)
- Samouraï Cop (mais quel titre !!!!)
- Commissaire x : halte au LSD (ah mais ça, ça, c'est du titre !!!!)
- Le dernier dragon (ah ? Mouais, ok...)

Selon les connaisseurs, et plus particulièrement celui qui m'a convaincu de prendre part à cette soirée, mon ami, Monsieur CG, dont nous tairons la véritable identité afin d'éviter tout phénomène d'hystérie collective, et appellerons Captain Shinobi (parce que ça pète grave la classe, et que ça rend hommage aux ninjas, si fièrement représentés dans le domaine du nanar), selon Captain Shinobi, donc, Samouraï Cop est un incontournable du genre. Une perle bien connue de tout nanardeux (oui, c'est invariable !) se respectant un minimum. Donc pas de moi, néophyte que je suis...
 Pour les autres titres, Captain Shinobi ne sait pas, il ne les a pas vus. Mais Samouraï Cop valant déjà largement son pesant de cacahuètes, on est, à priori, en droit de s'attendre au meilleur.
Entre deux tergiversations cinéphiliques (je viens de découvrir Stalkers, de Tarkovski, et craint d'y avoir perdu quelques neurones...), et l'admiration des affiches de la soirée, mine de rien, la file s'ébranle (ne pas confondre, hein...), et nous voici dans la fameuse grande salle du Grand Rex, avec son décors théâtral bien connu, son arche lumineuse encadrant l'écran, et ses énormes fauteuils qui ne dépareilleraient pas dans le Nautilus de ce cher Nemo (le capitaine, hein, pas le poisson les djeunes...).
On prend bonne place, on en réserve d'autres (car, déjà accompagné de deux de ses acolytes, Captain Shinobi attend encore trois de ses lieutenants, le nanar se dégustant de préférence en groupe), et, en attendant, on va faire un petit tour dans le hall, histoire de voir ce que l'on pourra dégotter à ce petit stand aperçu vite fait en passant.
Pas mal de choses en fait, entre une petite sélection de vieilles VHS (pléonasme, forcément...), "nouvel" eldorado du collectionneur nostalgique, quelques vieux magazines et fanzines, un choix très correct de DVD, et quelques affiches ciné soigneusement pliées.
Une fois la pêche terminée (deux numéros du James Bond British Fan Club et une superbe affiche de Le retour des morts-vivants, de Dan O'Bannon, censurée, certes, mais sublime !), retour dans le sein des saints, paré pour cette épique nuit.

En amuse-bouches, on a droit à cet extrait, devenu mythique, même pour les non-initiés, de Braddock, portés disparus III, avec l'irremplaçable Chuck Norris.
De quoi chauffer à blanc un public déjà acquis à la cause, et connaissant le passage sur le bout des doigts.


Le fameux extrait en question
  
 
La présentation de la soirée, comme semble le vouloir la tradition, est assurée par Mr Jean-François Rauger, grand amateur de cinéma fantastique, nous apprend sa page Wikipédia, directeur de la programmation à la Cinémathèque Française, et auteur de plusieurs ouvrages, dont un consacré au maestro du macabre, Monsieur Lucio Fulci !
Jouant fort bien de son manque d'aisance face à l'immense salle du Rex, le bonhomme nous présente donc les films de la soirée, ainsi que les membres du site Nanarland responsables de l'organisation, et de la sélection des œuvres.

On enchaîne sur un premier Cut Nanarland, montage d'extraits et de bandes-annonces (notamment du remarquable Eaux Sauvages, et du superbe Spermula, dont la voix off claironnant joyeusement le titre à la manière d'une vieille pub pour lessive, provoque l'hilarité générale), avant de rendre hommage à deux grands noms, chers aux cœurs des amateurs de nanars (mais pas que), qui nous ont quitté récemment : Bud Spencer, et Michel Galabru.
 
Puis vient la présentation du premier film de la nuit : Karaté contre Mafia, réalisé par l'espagnol Ramon Saldias (avec un accent sur le "o" et le "i"), en 1981.
Un film, nous apprennent nos hôtes, qui leur a été fortement suggéré par les membres d'un site espagnol, sorte d'équivalent ibérique à notre franchouillard Nanarland.
D'ailleurs, l'un des membres  dudit site a fait tout spécialement le déplacement, afin de nous apporter la seule copie 35 mm qui existe du film. Copie à partir de laquelle a été produit un DCP (copie numérique destinée à l'exploitation salles), traduit et sous-titré, rien que pour les petits veinards de cette soirée !
Et le bonhomme n'est pas monté seul de sa péninsule ensoleillée, puisqu'il arrive sur scène, accompagné de Ramon Saldias ! Le réalisateur en personne ! Saldias nous présente donc son bébé, nous encourageant vivement à rire, crier, et applaudir, car, selon lui, c'est ainsi que son film doit s'apprécier...
Il n'en fallait pas davantage pour que le public, déjà bien échauffé, ne mette une ambiance assez halucinante durant la projection ! 
Notez bien que Saldias ne nous avait pas menti, et que son film a effectivement de quoi faire le bonheur des amateurs...





Dés la première scène, on comprend que l'on va avoir affaire à du lourd.
Un jeune éphèbe asiatique descend d'un navire marchand qui vient de jeter l'ancre dans le port de Hong-Kong. Il n'a pas fait trois pas, son balluchon négligemment jeté sur l'épaule, qu'une voiture s'arrête devant lui dans un crissement de pneus, d'où jaillissent quatre vils gredins encagoulés. Notre héros de marin, ne semblant nullement surpris, a tôt fait d'envoyer valser son sac et de lever les poings, immédiatement prêt à en découdre. Probablement le triste quotidien de tout karatéka qui débarque en Chine...
La scène qui s'en suivra en laissera plus d'un pantois. Bourrée de faux raccords, tournée au mépris des plus évidentes règles de mise en scène, avec des artistes martiaux qui savent, certes, lever la jambe, mais qui n'ont rien de cascadeurs crédibles, voilà une bagarre dont la maladresse relève de la magie.
Les coups sont lourdement bruités, alors qu'il est manifeste qu'aucun pied ni poing n'atteint sa cible, les échanges sont ultra téléphonés, les chutes et roulades d'une mollesse rare, et l'opérateur semble régulièrement s'assoupir derrière sa caméra, tant celle-ci peine à suivre l'action, laissant régulièrement les comédiens sortir du cadre, pour rester figée sur l'arrière plan, voir directement sur le sol...
Peut-être conscient de l'indigence technique de l'ensemble, le réalisateur nous gratifie ici et là de quelques plans de son héros donnant des coups de pieds et de poings face caméra, dans une sorte de tentative de vue subjective de l'ennemi. Mais rien n'y fait, la scène est évidemment ratée dans les grandes largeurs, et fait instantanément le bonheur des nanardeux ! Ça rit à gorges déployées dans la salle, et l'on n'hésite pas à applaudir et encourager les cascades les plus folles, comme les galipettes les plus molles !


Notre héros de marin !


D'autant que, dans cette scène, nous avons fait la connaissance de celui qui restera LE héros de cette nuit. Pas notre courageux marin, non, même s'il ne démérite pas, mais bel et bien l'un de ses opposants : Le Rouge ! Ainsi baptisé eu égards à la couleur de sa cagoule et des rayures de son inusable polo.
Un anonyme cagoulé qui sera de toutes les scènes de baston du film, surgissant au détour d'un trottoir, d'un jardin, ou au beau milieu d'un marché typique (en prenant bien soin d'en briser absolument tous les étals !). Son déhanché immédiatement identifiable, son jeu de jambes inimitable, son art consommé de la chute, ainsi que ses efforts pour se relever, ont rapidement fait du Rouge la coqueluche de la soirée, le public l'appelant et l'encourageant à chaque scène. Même celles où il n'apparaissait pas. Et même dans les autres films de la soirée d'ailleurs... Ce qui tombait bien, puisque la plupart des méchants y étaient vêtus de rouge à un moment ou à un autre...
Et nous n'avions pourtant encore rien vu, car allaient entrer en scène : le Grand Maître (évidemment !) (un comédien si grossièrement grimé qu'il a le plus grand mal à nous communiquer la moindre expression), la petite-fille du Grand Maître, et accessoirement fille du méchant (si jolie que le héros ne peut s'empêcher de le lui dire à chaque fois qu'il la croise), Johnny, le flic le plus poissard et incompétent de la galaxie, du genre dont la voiture s'enlise avant une poursuite, ou qui va bouffer un hot-dog au moment où justement, il devrait intervenir,le chef de Johnny, qui passe beaucoup de coups de fils qui le font beaucoup réfléchir, avec force hochements de tête et regards froncés dans le vide, ou encore Michy, la prostituée au grand cœur, éprise de notre marin, et qui va tellement lui faire l'amour qu'il devra rester au lit pendant trois jours (véridique !!!)  . Ce qui donnera lieu à l'une des plus inénarrables scènes de sexe projetées sur grand écran.


LE ROUGE !!! (à gauche, parce qu'à droite, c'est le bleu, mais il est moins fort...)


Le tout pour une vague histoire de trafic de diamants incompréhensible, mais ourdie par un méchant si méchant qu'il n'hésite pas à jeter ses propres hommes aux requins, et qui parviendra malgré tout à prendre la fuite, au terme du décollage d'avion le plus long de l'histoire du cinéma (qui fut dûment applaudi).
Karaté contre Mafia, c'est aussi l'occasion d'apprendre qu'à Kong-Kong, une voiture puissante, c'est forcément une Toyota, et pas une Honda. Par ailleurs, vous y ferez également l'apprentissage de techniques de camouflage révolutionnaires : une simple main habilement placée devant le visage, et hop, disparition !
Le tout dans un Hong-Kong filmé en Espagne et aux îles Canaries, auquel on essaye de nous faire croire en insistant lourdement sur le moindre figurant aux yeux bridés. Soit, tout au plus, 5 ou 6 têtes différentes, qui reviennent sans cesse, dans les champs (les rizières ?), comme au marché, comme au bar, comme dans la rue, comme au port...
Bref, du grand art !

C'est sous une standing ovation unanime que Ramon Saldias reviendra sur scène à l'issue de la projection. Enthousiaste, il répondra chaleureusement à quelques questions.
Hong Kong ? Bah oui, c'est d'une évidente évidence ! Un film de kung fu DOIT se dérouler en Chine, m'enfin...
Les cagoules ? Simplement pour masquer les visages européens, la plupart des "cascadeurs" étant en fait les élèves de l'acteur principal, professeur de Karaté en Espagne.
Michy ? La comédienne était en fait la mère d'un des élèves du professeur, et celui-ci refusait toute forme de simulation de rapport avec elle. D'où l'aspect quelque peu étrange de la scène...

Après le départ de ce cher Ramon, toujours sous les hourras de la foule, petit entracte. Et, histoire d'animer cette petite pause, les trublions de Nanarland lancent un jeu : des affiches de nanars apparaissent à l'écran, et charge à nous de retrouver le bon titre, parmi ceux proposés.
Tous paraissent improbables, surtout au néophyte que je suis, et pourtant, il y en a bel et bien un d'exact à chaque fois. Une question sur un extrait de film désigne le vainqueur de cette première manche, dont tous les participants repartiront chez eux avec le livre Nanarland édité par Ankama sous le Label 619, et poursuivis des foudres de ma jalousie.


Le livre édité par Ankama, très bel objet en forme de cassette vidéo


Ensuite, nouveau Cut Nanarland, qui nous a permis d'apprécier les charmes de la bande annonce de Strike Commando, dans sa version karaoké (pleine de "AAAAAAARRRRRRRRRGGGGGGHHHHHH !", "GWERK !" et autres "AHIAHOYOUILLE !" joyeusement scandés par toute la salle), ou encore des extraits de 2 cloches sous la neige, L'île des Suédoises, ou même Die Munteren Sexspiele der Nachbarn (!!!), et c'est au tour du fameux Samouraï Cop d'entrer en scène.
D'abord sous la forme, et en avant-première, d'un programme court produit par ARTE : le Nanaroscope ! Soit, une petite poignée de minutes pour revenir sur le film et sa réputation, au travers d'interviews de sa "star" Matt Hannon ou d'éminents nanardeux.
Intéressant, bien monté, drôle, et instructif, on a hâte de voir cette série de petits docus, consacrés aux plus savoureux nanars, diffusée sur l'indispensable chaîne franco-allemande ! Ce qui arrivera courant octobre.




Arrive enfin le vrai Samouraï Cop, nanar splendide, emmené par la foi de son interprète principal, le culturiste Matt Hannon. Un comédien avec plus d'une expression faciale à son compte, mais incapable de ne pas les surjouer, ou de les sortir au bon moment... Une vraie star à nanars !
Il interprète donc le fameux Samouraï Cop, qui n'a pas grand chose d'un samouraï en fait, obéissant à un code de l'honneur très éloigné du Ghost Dog, ou de Toshiro Mifune.
Lui et son partenaire (un noir, forcément, le modèle avoué du film étant l'inévitable L'arme fatale de Richard Donner, dont les deux premiers volets venaient alors de dépouiller le box-office) écument les rues de LA, cherchant à démanteler le gang d'un vilain mafieux japonnais, mais ne loupant jamais une occasion de draguer tout ce qui porte jupe ou décolleté. Ce qui tombe très bien, puisque visiblement, ces dames et demoiselles ne demandent que ça. Voire cette policière qui, s'ennuyant ferme pendant une planque, propose carrément à con collègue d'aller "tirer un coup".
Car visiblement, pour le réalisateur et scénariste Amir Shervan, le gente féminine est avide de la chose. Mais aussi, et c'est d'ailleurs plutôt surprenant, fermement indépendante. Car oui, à quelques exceptions prêt, ce sont bien elles qui mènent le bal, le plus souvent avec une vulgarité ahurissante...
Notre bellâtre de héros, pourtant convaincu de ses talents de séducteur, se verra ainsi rembarrer par une infirmière, certes peu farouche, mais très exigeante en matière de virilité, qui n'hésitera pas à suggérer que le docteur en a peut-être trop coupé lors de sa circoncision. Un long dialogue assez invraisemblable, ne faisant, évidemment, aucunement avancer l'intrigue, d'autant qu'il est monté avec les pieds, au mépris de toutes formes de rythme ou d'harmonie.


Matt Hannon en pleine concentration...


Notre héros se rattrapera, je vous rassure, avec le reste du casting féminin, qui perdra forcément ses vêtements à un moment ou à un autre. Que ce soit la gentille policière pilote d'hélicoptère, la vilaine tueuse, ou la jeune ingénue, elles céderont toutes à leurs fantasmes les plus lubriques. A se demander si Shervan ne cherchait pas à monter en parallèle une version érotique de son film.
D'ailleurs, certainement conscient qu'il en faut pour tous les goûts, et tous les publics, le réalisateur n'hésite pas un instant à exhiber sa star masculine dans un splendide maillot de bains noir, du plus bel effet. Des scènes qui gagnent immédiatement un impact comique certain, tant Hannon est ridicule dans son maillot trop petit, et, forcément, trop moulant.


Le gâteau d'anniversaire servi en slip ! Un classique !


A noter, tout de même, la présence d'un comédien de poids, dans le rôle de l'inévitable homme de main sadique du méchant : Robert Z'Dar, le Maniac Cop de william Lustig en personne. Un comédien dont l'hypertrophie de la mâchoire fait ici des merveilles, notamment lorsque, très acharné après nos gentils flics, il dézingue la quasi totalité de ses propres hommes à coups de mitraillette et de grenades. Normal, il est méchant ! Et diablement diabolique, aussi, lorsqu'il met sur pied un inconcevable stratagème pour s'introduire dans un hôpital, afin d'atteindre un témoin gênant (il faut le voir, pour le croire... Z'Dar plié en huit dans un charriot, son katana à la main...) (car oui, lui aussi est un samouraï...).


Z'Dar peut être très méchant, même avec une bête poêle sale


Un grand moment de nanaritude donc (nanarité ?), grâce à son scénario plein de trous, ses clichés élevés au rang d'art de vivre, ses situations improbables (en pleine intervention, le Samouraï Cop ne parvient pas à ouvrir une bête baie vitrée, et sa cible en profite pour s’échapper  le plus tranquillement du monde...), ses combats dantesques (mais répondant au code d'honneur des samouraïs, comme en témoigne l'empoignade finale avec Z'Dar !), ses idées de décors hallucinantes (cette tête de lion qui louche, accrochée dans un bureau, qui vole littéralement la vedette aux comédiens !) et ses gros pépins de production.
En effet, huit mois après la fin officielle du tournage, Shervan rappelle sa star dans le but de tourner quelques scènes et plans supplémentaires... et constate que Hannon s'est séparé de sa sublime crinière naturelle. Qu'à cela ne tienne, il portera une perruque. Une perruque tout bonnement ridicule, dépourvue de toute crédibilité, qui ne manquera pas d'apporter un côté "autre" à certaines scènes. Notamment lors d'un combat contre un méchant chinois, où ce dernier, saisissant Hannon par derrière, la lui arrache purement et simplement, et, s'en rendant compte, la remet aussitôt en place. A voir pour le croire, ils ont gardé la plan tel quel dans le film !!!
Épique et incontournable, ce Samouraï Cop est bien un fleuron du genre !


Ce lion mériterait un film à lui tout seul !


Après tant d'émotions (si si, je vous assure), nouvel entracte, et nouveau jeu, cette fois basé sur les accroches des films. Puis une nouvelle rasade d'extraits hauts en couleurs, comme le superbe Shoktir Lorai (aka Indian Robocop, avec de vrais morceaux de l'original à l'intérieur !), ou J'irai verser du nuoc-mâm sur tes tripes (!!!!!!!!!!), forcément un film de kung fu...

Arrive ensuite le Commisaire X : halte au LSD (Rudolph Zehetgruber, 1967), troisième film de la soirée, projeté ici en 35 mm, ce qui fait bien plaisir. Nous voilà donc en présence d'un de ces nombreux films d'espionnage européens (dites "euro spy", c'est la classe !) qui ont vu le jour dans les années 60 et 70, dans le sillage de l'alléchant succès des James Bond, dont le premier du nom, James Bond contre Dr No, ne date que de 1962.





Je vais hélas avoir un peu de mal à vous en dire davantage, car, à cette heure avancée de la nuit, c'est Morphée qui l'a emporté.
Après un début quelque peu mollasson qui m'a vu sombrer, je ne me suis réveillé que pour une demi-heure finale totalement foutraque, sous forme de course-poursuite dans le désert (l'intrigue se déroule à Istanbul et dans ses environs), où de jeunes femmes, prisonnières des vilains, n'hésitent pas à chastement sacrifier un soutien-gorges, et à le suspendre au bout d'un bâton, dans le but de signaler leur présence à leurs sauveurs... Ce qui fonctionne, bien entendu, les femmes ayant, comme toujours, une connaissance approfondie des faiblesses de la gente masculine.
Des sauveurs qui vont passer le reste du film à courir après les méchants, que ce soit à pieds, sur les fesses (superbes glissades contrôlées sur les rochers !), ou au cour d'une interminable poursuite en motos, qui se résoudra grâce à un deus ex machina (un élément extérieur indépendant de la volonté des personnages) se présentant sous la forme d'un âne. Mais un âne dont le scénario nous laisse croire, au dernier moment, qu'il s'agirait bien de la réincarnation de Germain, l'un des héros, décédé peu de temps avant (et qui ne serait donc pas un deus ex machina, en fait...).
Bref, de quoi me faire regretter d'avoir louper le début, tant la chose semble improbablement exotique.


Une partie de cache-cache aquatique tout à fait innocente


S'en est suivi un nouvel, et dernier, entracte, où l'on put assister à la finale du concours, se jouant entre les vainqueurs des deux premières manches, sur le doublage d'une scène de Strike Commando (à découvrir, décidément !).
Nouvelle brochette d'extraits et de bandes-annonces, dont les romantiques 2 soeurs à enculer (si si), et Messaline, impératrice et putain, entre autres joyeusetés, ou encore Que font ces dames quand leurs maris bossent ?, qui semble apporter une réponse toute poétique à cette légitime question.

Puis sonne l'heure du quatrième et dernier film de cette folle nuit : Le dernier dragon, réalisé par Michael Schultz en 1985.
Un film au statut particulier, car produit par Berry Gordy, le big boss de la Motown, le fameux label de musique !





Certainement désireux de capitaliser sur le succès de Karaté Kid (John G Avildsen, 1984), Gordy se lance donc dans la production d'un film de karaté, avec la volonté de révéler à la face du monde le talent du jeune Taimak (qui fit par la suite une honorable carrière... à la télévision), et de la très photogénique Vanity, alors égérie de Prince, puisque c'est écrit dans le programme de la soirée.
Un film qui s'annonce magique quand, au bout de 5 mn d'entraînement, le jeune héros, Leroy Green (qui est noir, donc...), enfile ce qu'il estime certainement être une tenue typiquement chinoise, et donc forcément en adéquation avec sa philosophie de vie, dictée par sa passion du kung fu. 
Ah ça, il faut le voir déambuler sur les trottoirs du Harlem des 80's, son énorme chapeau de paille sanglé autour de la tête, mais la démarche pleine d'assurance. Bah oui, c'est un Maître des arts martiaux, à ça de devenir le meilleur au monde, il est donc plein de sagesse...


Voilà voilà...


Mais, afin de devenir le meilleur des meilleurs, le plus grand Maître des Grands Maîtres, il devra d'abord affronter l'ennemi ultime, qui répond au doux nom de Sauvage, et n'est autre que le Shogun de Harlem. Ce dernier dispose de toute une clique de (6 !) sbires mi-punks, mi-karatékas, et dénués de tous scrupules, près à tout pour maintenir leur Shogun en haut de l'échelle, comme le démontre fameusement la scène où ils mettent le bordel dans une salle de cinéma.
Et il y aussi un producteur de disques véreux, qui veut absolument faire signer un contrat à une jeune starlette, quitte à la kidnapper, avec la complicité de Sauvage, ce qui ne plaira pas à Leroy, qui était devenu le protecteur de la jeune femme, après l'avoir rencontrée par hasard dans la rue... Enfin je crois, un truc comme ça quoi...


Sauvage et ses sbires, face à Leroy


Il s'agît donc de la rencontre improbable entre la meilleure musique FM des 80's et le film de kung fu, qui culminera lors de l'affrontement final entre notre héros et Sauvage. Ce dernier y développe une telle puissance que ses mains en deviennent rougeoyantes, alors que Leroy atteint le Nirvana ultime de sa discipline en se voyant affublé d'une aura dorée. Évidemment, après quelques échanges de coups, dont les impacts sont renforcés par d'éblouissants éclairs d'énergie colorés (en rouge et doré, donc...) dans un déluge de fabuleux effets spéciaux, Leroy gagne, et remporte le cœur de la belle.
La vraie curiosité de ce Nanar réside en fait, et surtout, dans son éblouissant doublage français. Car, devant l'échec du film au box-office américain, le distributeur français a décidé de "tenter un truc", comme on dit dans le métier. L'adaptation et le doublage sont ainsi confiés à l'équipe qui s'occupe du Muppet Show et des Looney Toons. Du coup, l'humour prédomine franchement, les jeux de mots prouvant à quel point la chose ne peut être prise au sérieux ("Ça coince dans l'larynx ou quoi ?").


Sauvage, en pleine crise de puissance co(s)mique !


Un charmant petit OFNI, donc, idéal pour conclure cette longue nuit de tous les possibles !
Encore que, la vraie conclusion interviendra après.
Car, une fois le film terminé, apparaît à l'écran le message suivant : "Partez pas, y a du cul !!!". Et en effet, comme semble, là aussi, le vouloir la tradition, on terminera sur la bande-annonce d'un petit nanar porno, pleine de belles images que la décence ne me permet pas de décrire ici.
 Et, à la sortie de la salle, les viennoiseries de rigueur nous seront généreusement offertes, pour un petit déjeuner dominical digne de ce nom !

Bref, cette première Nuit Nanarland fut un baptême fort réussi ! Une initiation à un type de cinéphilie à laquelle je ne m'attendais pas à prendre autant de plaisir. Les nanars sont bel et bien des films effroyablement nuls, mais, à ma grande surprise, on peut réellement prendre son pied à les regarder, et même, sincèrement, les aimer !
La Nuit Nanarland est vraiment un évènement à vivre, si possible avec une bande de copains, pour comprendre le plaisir que l'on peut prendre à hurler et applaudir devant ces films si mauvais, qu'ils en deviennent, effectivement, géniaux !

Grand merci à toi, ainsi qu'à toute ta petite troupe, Captain Shinobi ! Merci pour cette initiation ! Désormais, je ne louperais plus une seule Nuit Nanarland ! Pour rien au monde...


 Jipi


Karaté contre Mafia (Karate contra Mafia), Espagne, 1980
Réalisation et scénario : Ramon Saldia
Interprétation (à priori, il s'agît plus probablement de pseudos) : Hou-Tin-Ten, Tih-Yao, Pau-Ko-Ma...

Samourai Cop, Etats-Unis, 1991
Réalisation et scénario : Amir Shervan
Interprétation : Mathew Karedas (aka Matt Hannon), Robert Z'Dar, Mark Frazer, Janis Farley...

Commissaire X : Halte au LSD ( Kommissar X : Drei grüne hunde), Allemagne de l'ouest / Italie / France / Hongrie / Liban, 1967
Réalisation : Rudolf Zehetgruber et Gianfranco Parolini
Scénario : bah on ne sait pas... Mais y en avait-il seulement un ?
Interprétation : Tony Kendall, Brad Harris, Olga Schoberova, Christa Linder...

Le Dernier Dragon (The Last Dragon), Etats-Unis, 1985
Réalisation : Michael Schultz
Scénario : Louis Venosta
Interprétation : Taimak, Vanity, Christopher Murney, Julius Carry...




 La bande-annonce de Samouraï Cop, en VO,
parce que pas trouvé de VF sur Youtube


Les meilleurs plans à perruque de Samouraï Cop



Un extrait de Samouraï Cop qui en dit long... 


La bande-annonce allemande de
Commissaire X : Halte au LSD 


La bande-annonce de
Le Dernier Dragon 


 Vous trouverez ici une petite vidéo Daily Motion qui témoigne de l'ambiance à l'issue de la projection de Karaté contre Mafia :

 http://www.dailymotion.com/video/x4tp735_standing-ovation-pour-le-realisateur-ramon-saldias-apres-la-diffusion-de-karate-contra-mafia-a-la-nu_shortfilms

 Et là, le seul extrait de Samouraï Cop en VF que j'ai réussi à dégotter, en l'occurrence, celui de la conversation autour de la circoncision :

 http://www.dailymotion.com/video/xhq8b_samourai-cop-extrait_fun




Crédits photographiques : abraxaspictures-trashcinema.blogspot.com, senscritique.com, cloneweb.com, notrecinema.com, everythingaction.com, film-cine.com, worstmoviesevermade.com, thelastdragontribute.com, liberation.fr, label619.com, youtube.com, newretrowave.com

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